Le ginseng est une plante dont les origines mythiques et médicinales se perdent dans la nuit des temps, notamment dans les contrées asiatiques où son histoire commence. Laissez-moi vous conter l’histoire de cette plante qui, depuis des millénaires, est considérée comme une panacée, un remède universel capable de rétablir l’équilibre et d’insuffler la vitalité.
La légende dit que le ginseng fut découvert dans les montagnes de Mandchourie il y a plus de 5 000 ans. Les anciens Chinois, observateurs minutieux de la nature, avaient identifié dans cette plante des vertus quasi-divines. Son nom, Panax ginseng, vient du grec "panacea" qui signifie "remède à tout", et "shen-seng" qui signifie "essence de l'homme" en mandarin, en raison de la forme de sa racine qui évoque la silhouette humaine.
À l’époque des premiers empereurs, le ginseng sauvage était réservé à la royauté et à l’aristocratie, car on attribuait à sa racine des propriétés fortifiantes, tonifiantes et même aphrodisiaques. Sa réputation était telle que des histoires abondent sur des hommes qui prenaient des risques insensés pour récolter cette racine précieuse dans la nature.
La médecine traditionnelle chinoise le considérait comme un "adaptogène", c'est-à-dire une substance capable d’augmenter la résistance non spécifique de l’organisme aux différents stress qui l’assaillent. Les écrits anciens, comme ceux de Shen Nong, père de la pharmacopée chinoise, décrivent la racine de ginseng comme un élément essentiel pour "réparer cinq fatigues et sept dommages", en référence aux déséquilibres du qi (énergie vitale) et aux différents maux physiques.
Avec l’expansion de la Route de la Soie, le ginseng a voyagé, ses racines traversant continents et cultures. Il est devenu un bien précieux, échangé au même titre que la soie ou les épices. Au fil du temps, les Coréens ont développé leurs propres variétés de ginseng, tout comme les Américains plus tard avec le Panax quinquefolius.
Au fil des siècles, la culture du ginseng a pris de l’ampleur, surtout pour répondre à la demande croissante de la médecine traditionnelle asiatique et de ses principes qui se diffusaient à travers le monde. La difficulté de trouver des racines de ginseng sauvage, en raison de sa surexploitation, a conduit à sa culture méthodique. Les techniques agricoles se sont affinées, cherchant à reproduire les conditions forestières humides et ombragées que la plante préfère.
Le ginseng a aussi trouvé sa place dans les traités médicaux coréens et a été largement utilisé par les médecins de la cour. Ils le prescrivaient pour tout, de la fatigue à l'insuffisance pulmonaire, en passant par les déséquilibres internes de yin et yang. Il était également considéré comme un élixir de longue vie, un aliment qui pouvait prolonger l'existence et améliorer la qualité de vie.
Lorsque les explorateurs européens et les marchands, comme Marco Polo, ont entendu parler de cette plante miracle, l'intérêt pour le ginseng a gagné l'Occident. À la Renaissance, les médecins européens commençaient à l'intégrer dans leurs propres pratiques médicinales, élargissant ainsi son utilisation.
Avec l'avènement de la médecine moderne, le ginseng a fait l'objet de recherches scientifiques approfondies, tentant de démêler les preuves empiriques de ses bienfaits des mythes et des exagérations. Des études ont montré que le ginseng contient des ginsénosides, des composés actifs censés être à l'origine de ses propriétés médicinales. Ces substances auraient un effet sur le système immunitaire, la fatigue, la cognition et pourraient même avoir des propriétés anticancéreuses.