L’histoire de la découverte des vertus du safran sur la santé est une odyssée qui s'entrelace avec les racines mêmes de la civilisation. Ses bienfaits ont été reconnus et utilisés depuis l'aube de l'humanité, et ils ont évolué au fil des siècles grâce à la transmission de connaissances à travers les cultures et les civilisations.
Dès l’Antiquité, les peuples de l’Est méditerranéen, notamment les Minoens de Crète, utilisaient le safran dans leurs pratiques de guérison. Les fresques antiques dépeignent souvent le safran comme un élément de la vie quotidienne, et bien qu’on ne puisse pas préciser exactement comment les anciens Crétois l’utilisaient pour la santé, il est évident qu'ils connaissaient déjà ses propriétés.
Ensuite, dans la médecine traditionnelle égyptienne, le safran était réputé pour ses propriétés thérapeutiques. Les prêtres physiciens le prescrivaient pour ses vertus digestives et sédatives, mais également pour ses capacités à améliorer la circulation du sang. Les Égyptiens avaient aussi recours au safran dans le processus de momification, non seulement pour ses qualités aromatiques, mais peut-être aussi pour ses propriétés antibactériennes et conservatrices.
Les Grecs ont ainsi grandement contribué à la reconnaissance des vertus du safran. Hippocrate, le père de la médecine moderne, et ses disciples utilisaient le safran pour traiter une pléthore de maux, de la toux aux troubles du sommeil, en passant par les douleurs menstruelles. Le safran était considéré comme un élément capable de "réchauffer" le cœur, d'améliorer la complexion et de dissiper les hémorragies.
Dans le monde romain, le safran était tenu en haute estime non seulement pour ses dispositions culinaires, mais aussi pour ses propriétés médicinales. Les écrits de Pline l'Ancien font état de plus de 90 maladies que le safran pouvait traiter. Les Romains l’utilisaient également comme un agent de purification et de protection.
Au Moyen Âge, le safran a traversé les frontières grâce aux Arabes, qui l’ont introduit en Espagne et en Europe via le commerce. Les médecins arabes, influencés par les travaux de Galien et d'Hippocrate, compilaient des traités médicaux qui incluaient le safran dans leurs prescriptions. L’Avicenne, dans le Canon de la médecine, mentionne le safran comme une herbe pouvant traiter la mélancolie, ce que nous appelons aujourd’hui la dépression.
En Asie, le safran était et reste encore un pilier de la médecine ayurvédique, utilisé pour ses propriétés antioxydantes, antiseptiques et tonifiantes. Les praticiens de la médecine ayurvédique considèrent le safran comme un "rasayana", une herbe qui revitalise le corps.
C'est dans cette continuité historique que le safran a été intégré dans la médecine traditionnelle chinoise, où il est utilisé pour ses propriétés circulatoires et pour harmoniser le "qi", ou force vitale.
Dans la médecine moderne, les études scientifiques ont commencé à confirmer certaines des anciennes allégations sur les bienfaits du safran pour la santé. Ses composés actifs, tels que la crocine et le safranal, sont étudiés pour leurs effets potentiels sur la neuroprotection, l'humeur et la santé visuelle.